10. Évaporation de l’or

La rencontre entre le rêve et le pouvoir, c’est-à-dire entre Yves Kramer et Gabriel Mac Namarra, eut lieu en altitude, au dernier étage du plus haut building de la ville, précisément baptisé : Mac Namarra Tower. L’immeuble doré côtoyait les nuages.

Là, dans le restaurant panoramique tournant lentement sur lui-même, illuminé par les lueurs des bâtiments alentour, le scientifique déploya ses plans. Il expliqua que la propulsion par les hydrocarbures ne permettait que des voyages limités dans l’espace. La seule énergie inépuisable qu’on trouvait dans l’univers était la lumière. C’était une énergie faible mais qui existait partout, il était donc possible de voyager longtemps sans avoir besoin d’emporter des réserves de carburant. Le riche industriel demanda quel était l’intérêt de construire un vaisseau spatial qui puisse voyager longtemps.

— Sortir de notre système solaire.

Gabriel Mac Namarra marqua son étonnement, puis sentit son rire le chatouiller. Il libéra tout à coup sa mécanique de gorge et de bouche et l’événement sonore se produisit, au grand étonnement de son vis-à-vis qui n’avait jamais entendu d’esclaffade aussi phénoménale. Il eut l’impression d’entendre une turbine électrique se déclencher et accélérer.

L’industriel rit longtemps puis, après avoir toussé et s’être enfin repris, il encouragea le scientifique à aller au bout de son concept.

Yves Kramer lui exposa son projet « VS » pour Voilier Solaire.

Il envisageait un vaisseau immense propulsé par une voile encore plus grande afin d’atteindre la plus proche étoile en dehors du système solaire. Là il espérait trouver une planète habitable.

Cette fois Mac Namarra ne rit plus. Il se contenta de demander :

— Une autre planète habitable autour de la plus proche étoile ?… Mmmh… À quelle distance est cette plus proche étoile ?

Yves Kramer connaissait les chiffres par cœur.

— La plus proche étoile avec des planètes probablement habitables dans sa périphérie est à… environ 2 années-lumière.

— Ce qui fait en kilomètres ? Excusez-moi je ne parle qu’en kilomètres.

— Une année-lumière… hum… la lumière avance à 300 000 kilomètres-seconde, donc si je multiplie par les minutes, les heures et les jours pour avoir une année, cela me donne… hum… (Il sortit une calculatrice.) J’obtiens 9 460 milliards de kilomètres.

— Ce qui nous fait quelle distance de voyage totale pour atteindre votre autre système solaire ? demanda passablement impatienté l’industriel.

— Donc, je multiplie par 2 pour avoir la distance de cette plus proche étoile, ça donne disons, à vue de nez, 20 000 milliards de kilomètres.

L’industriel marqua un signe d’agacement.

— Rien que ça. Remarquez je ne suis pas de la partie, alors je ne me rends pas bien compte. À quelle vitesse votre engin, votre super-voilier solaire, peut-il voler ?

— À ce qui correspondrait sur Terre à 2 millions de kilomètres-heure en moyenne.

L’industriel fronça un sourcil méfiant.

— C’est énorme ça. Vous êtes sûr qu’un vaisseau spatial peut atteindre une vitesse aussi faramineuse ?

— Bien sûr. Tout d’abord, une fois qu’un corps est lancé dans l’espace, il ne ralentit pas, il continue à la vitesse donnée par l’impulsion de départ. Il n’y a pas de freinage parce qu’il n’y a pas de frottement avec l’air ni de gravitation. Ce qui ralentit une bille qui roule sur la Terre c’est l’air et la pesanteur. Mais une bille dans le vide de l’espace continue à la même vitesse jusqu’à ce qu’elle soit stoppée.

— Mmh… c’est peut-être pour cela que les astéroïdes traversent si vite l’univers alors qu’ils n’ont pas de moteur ?

Yves Kramer fut agréablement surpris par cette remarque qui prouvait que son interlocuteur s’intéressait au sujet. Il poursuivit avec entrain.

— Exactement. Mais en plus l’énergie photonique dans l’espace est cumulative. C’est comme si l’énergie de tous les photons réceptionnés dans les voiles se stockait, s’additionnait et ne faisait que pousser le vaisseau de plus en plus vite. Notre engin en fait accélérera sans cesse.

— Ça marche près du soleil mais quand on s’éloigne les rayons doivent être plus faibles, non ?

L’ingénieur ne s’attendait pas à ce que l’industriel envisage déjà cet aspect du problème.

— Nous pourrons profiter des rayons de notre soleil sur la moitié du chemin qui nous mène à la prochaine étoile, comme élan. Ensuite nous conserverons la vitesse acquise et en orientant les voiles nous pourrons y ajouter les lueurs des autres étoiles voisines. Je vous l’ai dit : c’est une énergie qui s’additionne et ne se soustrait jamais. Donc 2 millions de kilomètres-heure en moyenne est un chiffre envisageable.

L’industriel fixa son vis-à-vis puis haussa les épaules.

— Parfait, voilà des chiffres ronds comme je les aime.

Il sortit son calepin et un stylo en or massif et commença à aligner les chiffres.

— Je sais moi aussi faire des multiplications. Donc, vitesse de l’engin : 2 millions de kilomètres à l’heure. Les jours faisant 24 heures, on multiplie et cela nous donne 48 millions de kilomètres par jour, n’est-ce pas ?

— En effet.

— Soit à peu près 20 milliards de kilomètres par an.

Un serveur zélé leur servit un vin à la couleur pourpre et à l’odeur forte. Le scientifique y goûta machinalement. L’industriel le huma, puis le dégusta à petites gorgées avant de poursuivre.

— Donc, la distance du point à atteindre étant de 20 000 milliards de kilomètres et votre voilier avançant de 20 milliards de kilomètres par an, c’est pas sorcier, il faut… hum, 1 000 ans de voyage.

Yves Kramer ne voyait pas où l’industriel voulait en venir. Celui-ci lui montra son calepin indiquant les opérations. Il hocha la tête en guise d’approbation.

— Donc un millénaire. Or un être humain en parfaite santé vit tout au plus 100 ans il me semble. Comment arrivez-vous donc à résoudre ce problème, cher monsieur Kramer ? L’hibernation peut-être ?

— Non. L’hibernation ne marche pas. Le froid détruit irrémédiablement les noyaux des cellules. À mon avis, il faut aborder le problème de manière « naturelle ».

— Je vous écoute.

— Il faut que plusieurs générations se succèdent dans le vaisseau spatial, énonça-t-il. Les femmes accoucheront, les enfants s’accoupleront et engendreront d’autres enfants.

L’industriel alluma un cigare.

— Et vous n’avez pas peur de créer des petits dégénérés ? L’amour entre frères et sœurs, c’est quand même pas terrible génétiquement parlant. Il serait dommage qu’un groupe d’attardés mentaux crée la nouvelle humanité sur une planète viable.

— Qui vous dit qu’on ne mettrait qu’un couple ? Je pensais en accueillir bien davantage.

— Combien ? Deux ? trois ?

— … Mille.

Cette fois Mac Namarra accusa le coup.

— Mille cosmonautes en tout ? Ou mille hommes et mille femmes ?

— Mille hommes et mille femmes.

Le milliardaire lâcha un nuage de fumée bleue et âcre.

— Ça fait une jolie foule. Ça tient dans une fusée ?

— Je prévois un vaisseau lui-même immense.

Gabriel Mac Namarra à cet instant se demanda si l’ingénieur n’était pas tout simplement dément. Deux mille personnes pour être sûr qu’il en arrive quelques-unes à 20 000 milliards de kilomètres de distance. Il aspira longuement la fumée du cigare. Tant qu’à prendre du poison, autant en profiter pleinement, songea-t-il.

La nicotine lui procura un petit frisson dans le dos et un surplus d’activité nerveuse. Probablement qu’en rétrécissant ses vaisseaux sanguins, les idées fusaient plus vite.

Il pensa :

Je perds mon temps, si ce projet a été refusé par ses collègues experts de l’Agence spatiale c’est parce qu’il n’est pas réaliste. Laissons tomber.

Le milliardaire faillit se lever mais quelque chose le retint. Le profil même de cet ingénieur. D’habitude les obsessionnels se montraient vindicatifs. Celui-là semblait douter. Le doute était pour Mac Namarra le signe de la perception de la relativité du monde. Rien n’est sûr. Tout être intelligent doit donc douter. Et puis il n’aimait pas renoncer à sa superstition concernant les signes du destin.

— 2 000 cosmonautes hommes et femmes qui mettront au monde des enfants pour franchir 20 000 milliards de kilomètres pendant un millénaire. Je suis conscient que c’est… comment dire ? un peu nouveau. Mais je ne vois pas d’autre solution par rapport aux technologies dont nous disposons actuellement.

— Il faudrait soit accélérer le vaisseau, soit prolonger la durée de vie des cosmonautes, suggéra Mac Namarra.

L’industriel commanda un plat et invita Kramer à choisir les mets les plus délicats, donc les plus chers. Autour d’eux le restaurant panoramique tournant dévoilait les embouteillages de la ville, en longs serpents de lumières rouges ou blanches.

— Ce sont des techniques qui peuvent mettre longtemps à émerger.

— Vous avez raison. Il faut faire avec ce qu’on a actuellement comme connaissances techniques éprouvées. Et puis je n’aime pas attendre. En fait je ne peux pas… « attendre ».

Il relut les chiffres inscrits sur son calepin.

— 20 000 milliards de kilomètres. Chaque génération procréant à 20 ans en moyenne, cela nous fait donc 50 générations de passagers se succédant dans votre vaisseau.

La physionomie de l’industriel fut barrée par un froncement de sourcils.

— Mmmh… tous ces chiffres énormes ça a de la gueule. Ça donne aussi le vertige.

— Ça fait peur. Vous le savez mon projet a été refusé par les experts de l’Agence spatiale.

— J’ai entendu ça à la télévision, mais je ne me fie pas à l’avis des experts pour me forger le mien. C’est comme cela que j’ai monté mon empire en réfléchissant par moi-même sans attendre l’approbation des soi-disant spécialistes. Je fonctionne au coup de cœur. Et puisqu’on est dans les chiffres « astronomiques », à votre avis cela coûterait combien cette petite aventure ?

Les plats arrivèrent sous cloche d’argent.

— Je l’ignore encore. Mais si vous voulez je pourrai vous le dire demain.

Le serveur souleva les deux cloches ensemble pour révéler leur contenu. Une vapeur épicée s’exhala aussitôt.

— Sérieusement… Vous pourriez être intéressé par mon projet « VS » ? demanda l’ingénieur.

Gabriel Mac Namarra commença à déguster un petit oiseau rôti qui donnait l’impression de se débattre dans la purée orange, alors que Yves Kramer avait devant lui un poisson argenté entouré de légumes verts et jaunes.

— Pourquoi pas. Ce serait, disons, une « excentricité de milliardaire ». J’aime bien les paris fous. Faites-moi un devis et on s’y met.

Yves Kramer avala sa bouchée de travers.

— Vous plaisantez ! ?

— Non. Quand j’étais petit toutes mes économies passaient dans l’achat des plus beaux jouets. Disons que j’ai envie de m’acheter celui-ci. Et puis si ça peut sauver l’humanité, c’est rigolo non ?

Et là-dessus il éclata de son énorme rire tonitruant. Yves Kramer avait du mal à croire que le projet puisse être réellement en train de naître.

L’industriel l’observait avec une certaine ironie. Il l’invita à manger avant que le contenu de son assiette ne refroidisse.

— Juste une petite modification : votre projet s’appelle VS pour « Voilier Solaire », c’est ça ?

— Oui. Je suis allé au plus simple.

— Je voudrais que vous l’appeliez autrement : « D.E. »

— Pour… ?

— « Dernier Espoir ». Parce que, à mon avis, ce projet est bien plus qu’une simple excursion dans les étoiles. C’est peut-être notre dernier espoir. Vous avez entendu les actualités ? (Le regard du milliardaire avait changé.) J’ai l’impression que tout est fichu. Cette planète était notre berceau mais nous l’avons saccagée. Nous ne pourrons plus jamais la soigner et la retrouver comme avant. Quand la maison s’effondre il faut partir. Recommencer tout, ailleurs et autrement. Actuellement je crois que le Dernier Espoir c’est… la fuite.

Ces mots avaient été prononcés avec légèreté, comme pour évoquer une météo pluvieuse.

— Qu’en pensez-vous, monsieur Kramer ?

— Eh bien, je n’ai rien à répondre, je suis entièrement de votre avis. Ce sont pratiquement les mots que j’emploie moi-même.

— Dans ce cas arrêtons de faire du bruit avec nos bouches et mettons-nous au travail.

Yves Kramer déglutit, il n’en croyait toujours pas ses sens.

— D’accord pour le projet « D.E. », articula-t-il. Cependant moi aussi j’ai une petite suggestion supplémentaire. Une dette envers quelqu’un. J’aimerais utiliser ce projet pour résorber cette dette personnelle.

— Je vous écoute.

— Notre vaisseau est un voilier solaire, mais un voilier quand même. Il va falloir tirer des bords, tendre la voile, virer comme avec un voilier à vent. Donc… j’aimerais prendre comme capitaine une navigatrice chevronnée. Je pense à une personne précise. Une championne. La meilleure.

 

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